Simone de Beauvoir


— On ne naît pas femme : on le devient.
Simone de Beauvoir - Le Deuxième Sexe, 1949

— L'humanité est mâle et l'homme définit la femme non en soi mais relativement à lui ; elle n'est pas considérée comme un être autonome.

— C'est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c'est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète.

— L'idéal de l'homme occidental moyen, c'est une femme qui subisse librement sa domination, qui n'accepte pas ses idées sans discussion, mais qui cède à ses raisons, qui lui résiste avec intelligence pour finir par se laisser convaincre. Plus son orgueil s'enhardit, plus il aime que l'aventure soit dangereuse: il est plus beau de dompter Penthésilée que d'épouser une Cendrillon consentante.

— L'action des femmes n'a jamais été qu'une agitation symbolique; elles n'ont gagné que ce que les hommes ont bien voulu leur concéder; elles n'ont rien pris: elles ont reçu. C'est qu'elles n'ont pas les moyens concrets de se rassembler en une unité qui se poserait en s'opposant. Elles n'ont pas de passé, d'histoire, de religion qui leur soit propre; et elles n'ont pas comme les prolétaires une solidarité de travail et d'intérêts; il n'y a pas même entre elles cette promiscuité spatiale qui fait des Noirs d'Amériques, des Juifs des ghettos, des ouvriers de Saint-Denis ou des usines Renault une communauté. Elles vivent dispersées parmi les hommes, rattachées par l'habitat, le travail, les intérêts économiques, la condition sociale à certains hommes - père ou mari - plus étroitement qu'aux autres femmes.

— Jusqu'ici les possibilités de la femme ont été étouffées et perdues pour l'humanité et il est grand temps dans son intérêt et dans celui de tous qu'on lui laisse enfin courir toutes ses chances.

— La femme libre est seulement en train de naître.

— Les femmes se forgent à elles-mêmes les chaînes dont l'homme ne souhaite pas les charger.